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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 23:00

bethanie nov 2011 500
photo Aurore (cliquer pour agrandir)

 

Chers Amis,


Ce temps de l’Avent que nous vivons en ce moment en préparation de Noël est le grand symbole d’une humanité en attente du Messie depuis les origines. Sans nécessairement le savoir, cette attente caractérise aussi notre désir le plus profond, cette permanente nostalgie qui taraude nos entrailles, ce cri de l’être vers quelque chose d’indéfinissable et qui n’est autre que l’appel d’un Libérateur…

 

C’est donc un temps d’éveil au véritable Réel au fond de nous-mêmes. Celui qui cultive cette conscience focalise toutes ses énergies en une seule direction, son désir se purifie et s’oriente. Alors il verra surgir à Noël la réponse, l’unique réponse à son attente : l’Incarnation de Dieu dans sa propre chair ! Une nouvelle naissance !

La grande figure de ce temps d’éveil, le grand semeur de ces temps nouveaux pour chacun de nous, c’est saint Jean-Baptiste. Il préside à tout l’Avent. Jean-Baptiste ramasse, synthétise, récapitule tout l’Ancien Testament. En lui sont mystérieusement contenues les générations du passé : les Patriarches, les Prophètes, la Loi, le Sacerdoce, le Reste d’Israël. Il porte en lui toute l’histoire de la vieille Alliance, comme le Christ portera en Lui toute l’histoire de la Nouvelle Alliance. Jean-Baptiste contient donc les cinq âges du monde et inaugure le sixième : la plénitude des temps, qui est le Christ lui-même, le dernier et l’éternel.

 

Or il ouvre ces temps nouveaux par la joie, comme David l’a préfiguré : dans le sein de sa mère, Elisabeth, il rencontre le Messie dans le sein de Marie, qui est la nouvelle Arche d’Alliance, alors il se met à danser de joie et d’allégresse (Lc 1,44). On l’appellera le prophète de la joie : Zacharie, son père, penché sur son berceau, dira : Beaucoup se réjouiront de sa naissance (1,14). Il est « l’Ami de l’Epoux » et l’annonciateur de l’inouï…

 

Jean-Baptiste est pour nous l’être initiatique par excellence. On peut relever quelques uns de ses traits de feu : la clarté de sa décision (on le compare à une « flèche »), la violence de son engagement jusqu’au martyr, l’exigence extraordinaire de son ascèse, la passion de l’Unique entièrement focalisé vers le Messie, l’immense tendresse pour les pauvres, la conscience historique – l’appartenance à une lignée, enfin le ravissement par la joie suprême.

 

De Jean-Baptiste nous pouvons apprendre l’importance du désert comme état permanent, un mystère de notre être toujours en rupture avec l’esprit du monde, menant toujours le combat du travail incessant sur soi et le silence –solitude du face-à-face avec Dieu que l’on contemple avec émerveillement. Ces trois réalités : rupture-combat-solitude font de chaque lieu un désert indispensable pour que la vie spirituelle arrive à maturité.

 

Le royaume de Dieu est arrivé, c’est la « Bonne Nouvelle » annoncée par Jean-Baptiste, le centre de son message. Mais nul n’entre dans ce royaume sans faire pénitence, sans se convertir, là se trouve le noyau de son enseignement et de sa propre pratique. Il s’agit d’un retournement total de l’être, une réorientation « radicale », c’est-à-dire à partir des racines mêmes de notre existence, une attitude foncière axée sur l’Absolu, dans un exclusivisme hors duquel rien de grand ne peut se passer.

Pour cela Jean-Baptiste fait éclater l’univers pourri de nos prétextes et de nos excuses, des facilités, des conformismes, des fausses sécurités… L’homme est installé dans sa misère, il s’y est habitué, il ne s’imagine pas qu’il puisse y avoir autre chose et que la vie n’est pas du tout ce à quoi il l’a réduite ! C’est cette indifférence que Jean-Baptiste secoue. 

 

Pour celui qui a compris que le seul travail de sa vie est d’abord celui-là, les promesses messianiques se réalisent. Un jour ou l’autre la percée se fait. Le cri de l’Exode - Ah, si tu déchirais les cieux, si Tu descendais ! (69,19) - trouve alors sa réalisation en chacun d’entre nous comme en Jean-Baptiste.

 

Pour lui les cieux se sont ouverts quand il a baptisé Jésus dans le Jourdain, il a vu et expérimenté l’effusion de l’Esprit Saint annoncé par les prophètes et il a entendu la voix du Père : Tu es mon Fils bien-aimé. Jean-Baptiste est donc le premier à être introduit dans le secret de la vie éternelle de Dieu, dans l’abîme du mystère trinitaire. Il découvre que le fond de l’être est amour, que tout est communion, que le centre de toutes choses de la création est temple de cette triple Présence, tout finalement est Buisson Ardent pour celui qui a les yeux de la Colombe.

 

Après les longues fiançailles de l’Ancienne Alliance, les noces sont enfin célébrées, l’Epoux est là. Comme dit le Cantique des Cantiques : L’hiver est passé, la voix de la tourterelle se fait entendre (2,12)

 

Jean-Baptiste termine sa vie en prison. C’est là qu’il est éprouvé une dernière fois et pose cette question au Messie : Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? L’homme est en prison tant qu’il n’a pas répondu à cette question, la seule. Jean-Baptiste, par sa totale dépendance du Christ, a trouvé au cœur même de sa prison et de sa mort la suprême liberté.

 

Si Dieu lui-même est devenu la chair de ma chair, le sang de mon sang, le souffle de mon souffle, alors pour moi aussi tout est possible : je suis habité par la « Joie parfaite »… Qu’elle soit pour chacun d’entre nous le plus merveilleux cadeau de Noël !

 

Avec toute notre affection, à bientôt !

Père Alphonse et Rachel

Animateurs du centre spirituel Béthanie

http://www.centre-bethanie.org/

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