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17 juillet 2021 6 17 /07 /juillet /2021 19:30

 

Du récit de la Création à celui des tentatives de viol des habitants de Sodome, les textes mettent en scène l’ambivalence fondamentale qui entoure la sexualité.

Comment la Bible présente- t-elle le plan de Dieu en matière de sexualité ?

La Bible, un surprenant « florilège » de récits érotiques, de fantasmes, d’interdits ?

De l’Ancien au Nouveau Testament, de nombreux passages évoquent en effet, plus ou moins explicitement, la sexualité humaine, sans la nommer comme telle. « Cette dernière est une notion récente : il faut donc prendre garde à ne pas projeter, dans les textes, des catégories qui sont aujourd’hui les nôtres », prévient d’emblée Mgr Pierre Debergé, exégète, membre de la Commission biblique pontificale.

« En lisant la Bible, nous pouvons nous rendre compte que c’est en fait la génitalité qui est le plus souvent évoquée, dans un contexte où il y avait beaucoup de morts d’enfants, et où il fallait assurer la survie du “clan”. La dimension de fécondité est très présente », poursuit l’auteur de L’Amour et la Sexualité dans la Bible (1).

À ses yeux, il est toutefois « loin d’être anodin » que les deux premiers chapitres de la Bible, relatant la conception d’Adam et d’Ève (Gn 1-2) dans le jardin d’Éden, présentent l’homme et la femme, « dans leurs différences accueillies et consenties », comme « le sommet de la création de Dieu ».

« La relation entre l’homme et la femme reflète l’amour de Dieu. Sans être dans le repli, c’est un amour qui s’ouvre à la vie », poursuit-il. Fait notable, cette notion de fécondité est toutefois absente du Cantique des Cantiques, en forme de chants d’amour alternés. 

« La sexualité y est présentée comme un lieu de passion amoureuse, où le plaisir est là pour le plaisir : on y parle de la beauté du corps de celui ou celle que l’on aime », relève-t-il.

Y a-t-il des « tabous » ?

Désir, plaisir, onanisme, adultère, inceste, sodomie, prostitution, sadomasochisme, zoophilie, polygamie… De nombreux récits bibliques évoquent ou mettent en scène, non sans réalisme, la sexualité dans ses dimensions parfois les plus crues. « Il n’y a pas vraiment de “tabou, en particulier dans l’Ancien Testament : c’est un texte assez libre », abonde ainsi l’écrivain et philosophe Jean-Pierre Rosa, auteur de La Bible, le sexe et nous (2).

« Dans les textes, la sexualité est une réalité extrêmement ambivalente : elle est le lieu du bonheur le plus grand (Gn, Ct…), mais aussi celui de l’avilissement le plus extrême, menant aux viols, aux meurtres… », poursuit-il.

Ainsi est relatée, dans le Livre de Samuel (2 S 13, 1-22), la tragique destinée de Tamar, fille de David et de Maaca, violée puis rejetée par son demi-frère Amnone, après que ce dernier a réussi à l’attirer – en se faisant passer pour malade – dans sa chambre.

Ou encore, parmi bien d’autres, le récit des tentatives de viol des habitants de Sodome (Gn 19, 1-29) sur deux anges, souvent évoqué dans la tradition chrétienne comme le fondement de la condamnation de la sodomie et de l’homosexualité.

Comment la Bible justifie-t-elle ces interdits ?

« Tu ne commettras pas d’adultère » (Ex 20, 14), « Fuyez l’immoralité sexuelle ! » (1 Co 6, 18), « Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme.

C’est une abomination » (Lv 18, 22), «Chacun de vous doit savoir maîtriser son corps (…) et ne pas céder à des désirs sexuels avides et non maîtrisés comme ceux qu’ont les nations qui ne connaissent pas Dieu » (1 Th 4, 4-5)…

Nombre d’interdictions et de préconisations, en matière de conduite sexuelle, scandent les Écritures.

Loin d’être condamnéea priori, la sexualité y apparaît ainsi comme une puissance qu’il convient d’encadrer, pour que celle-ci ne devienne pas un terreau propice à la domination ou à la destruction de l’autre. 

« Dans les récits bibliques, la loi est là pour protéger la relation homme-femme, pour éviter que la violence des désirs, des passions ne vienne dénaturer la sexualité dans sa part magnifique, à l’inverse de ce qui se produirait dans un acte mal vécu et assujettissant », décrypte encore Mgr Debergé.

Selon ce dernier, les textes portent bien des intuitions « révolutionnaires » en leur temps. 

« Cela s’inscrit dans un passage souvent mal compris, mais lorsque saint Paul (dans Ep 5, 21-33) invite par exemple les maris à aimer leurs épouses, c’est alors quelque chose de tout à fait nouveau », cite-t-il. 

« Les lois sont finalement là pour préserver le peuple, les équilibres familiaux, car les sociétés dans lesquelles la sexualité n’est pas maîtrisée sont des lieux de violences. » 

Pour la théologienne Anne Soupa (3), l’attitude de Jésus à l’égard des femmes est encore pionnière : « (Entre lui et elles), il existe une manière de se comprendre assez extraordinaire. (Il) ne fait pas acception de sexe, et ne se laisse pas enfermer dans les contraintes culturelles. »

Ce message est-il encore audible ?

Des récits « dépassés », mettant en scène une « culture du viol », une « morale judéo-chrétienne » souvent jugée « obscurantiste » ou « répressive »… Les remises en cause et les débats herméneutiques autour de la conception de la sexualité dans les Écritures sont légion.

« La Bible représente la sexualité avec les moyens de son temps, extrêmement patriarcal : celle-ci est entièrement du côté de l’homme et de la descendance, très loin de notre univers mental du XXIe siècle. Il faut passer par ce filtre pour trouver quelque chose de plus originel, de plus essentiel, d’actuel », soutient Jean-Pierre Rosa.

À l’heure où la parole ecclésiale est pour une part décrédibilisée par les scandales d’abus sexuels, ce dernier incite les chrétiens à dépasser leurs réticences pour se confronter ensemble aux textes, dont « la réception demeure souvent prisonnière de certains archaïsmes et raideurs ». 

Dans un livre d’entretiens (4) paru en septembre 2020 en Italie, le pape François avait lui-même réaffirmé sa vigoureuse opposition à cette « moralité bigote », refusant la notion de plaisir, qui a longtemps dominé dans la Tradition. 

« L’Église a condamné le plaisir inhumain, brut, vulgaire, mais elle a toujours accepté le plaisir humain, sobre, moral », soutenait-il.

« Le plaisir arrive directement de Dieu, il n’est ni catholique, ni chrétien, ni autre chose, il est simplement divin. »

(1) Nouvelle Cité, 216 p., 19 €.

(2) Salvator, 2019, 190 p., 18,50 €.

(3) Douze femmes dans la vie de Jésus, Paris, Salvator, 244 p.

(4) Terrafutura, avec Carlo Petrini, aux Éd. Slow Food Editore.

Voir aussi cet autre tableau du Tintoret

Comprendre la sexualité dans la Bible

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16 juillet 2021 5 16 /07 /juillet /2021 19:30

Le fils de Marie

https://youtu.be/wgQXeXs8mRs

Pourquoi Jésus est-il toujours présenté comme "fils de Marie" ? Le Coran accorde une place éminente à Marie, la seule femme dont il cite le nom.

Pourquoi Jésus est-il toujours présenté comme "fils de Marie" ?

Quelles sont les implications de cette expression, qui semble relayer "la terrible calomnie" dont Marie aurait été l’objet ?

Pourquoi passe-t-elle pour être la sœur d’Aaron et de Moïse, alors qu’un millénaire les sépare ?

Lecture minutieuse Jésus, figure fondatrice du christianisme, est aussi un personnage exceptionnel dans le Coran.

Pourquoi ? Comment ?

À partir de cette question, les auteurs des séries documentaires Corpus Christi, L’origine du christianisme et L’Apocalypse mènent l’enquête auprès de vingt-six des plus grands spécialistes mondiaux, y compris des chercheurs de tradition musulmane : des historiens des débuts de l’islam, des philologues, des épigraphistes, des historiens du christianisme oriental, des historiens du judaïsme rabbinique et des spécialistes de l’histoire du Coran.

Les sept épisodes prennent pour point de départ une lecture minutieuse de tous les termes de deux versets de la sourate IV du Coran, évoquant à leur manière la crucifixion de Jésus "en apparence", avant d’ouvrir peu à peu la discussion à toutes les questions que pose le texte, dans ses dimensions tant théologiques que littéraires et historiques.

C’est au carrefour des trois religions monothéistes, dans la continuité du judaïsme de Moïse et du judéo-christianisme de Jésus, que nous mène cette enquête qui cherche à reconstituer l’émergence de l’islam dans une région païenne, très marquée pourtant par les influences bibliques et la proximité des églises syriaques.

La crucifixion de Jésus dans l'islam

https://youtu.be/JRS_oLUKsWU

Dans la sourate IV, versets 157 et 158, le Coran relate la crucifixion de Jésus de manière très différente de la tradition chrétienne. Jésus y est crucifié "en apparence".

Ceux qui ont assisté à la scène auraient-ils été victimes d’une illusion ? Quelqu’un d’autre aurait-il été crucifié à sa place ? Jésus est-il vraiment mort sur la croix ?

Lecture minutieuse Jésus, figure fondatrice du christianisme, est aussi un personnage exceptionnel dans le Coran. Pourquoi ? Comment ?

À partir de cette question, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (Corpus Christi, L’origine du christianisme, L’Apocalypse) mènent l’enquête auprès de vingt-six des plus grands spécialistes mondiaux, y compris des chercheurs de tradition musulmane : des historiens des débuts de l’islam, des philologues, des épigraphistes, des historiens du christianisme oriental, des historiens du judaïsme rabbinique et des spécialistes de l’histoire du Coran.

Les sept épisodes prennent pour point de départ une lecture minutieuse de tous les termes de deux versets de la sourate IV du Coran, évoquant à leur manière la crucifixion de Jésus "en apparence", avant d’ouvrir peu à peu la discussion à toutes les questions que pose le texte, dans ses dimensions tant théologiques que littéraires et historiques.

C’est au carrefour des trois religions monothéistes, dans la continuité du judaïsme de Moïse et du judéo-christianisme de Jésus, que nous mène cette enquête qui cherche à reconstituer l’émergence de l’islam dans une région païenne, très marquée pourtant par les influences bibliques et la proximité des églises syriaques.

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15 juillet 2021 4 15 /07 /juillet /2021 19:30

 

 

 

Pour Frédéric Lenoir*, philosophe, sociologue et historien des religions, directeur du Monde des religions, l’appellation « Fils de Dieu » n’implique pas que Jésus ait été considéré par ses apôtres comme étant Dieu lui-même. Le théologien jésuite Bernard Sesboüé*, professeur au ­centre Sèvres de Paris, est de l’avis contraire. Nous avons interrogé l’un puis l’autre protagoniste et mis en regard leurs points de vue.

Que dit le Nouveau Testament sur la divinité de Jésus ?

Réponse de FRÉDÉRIC LENOIR. 

Les Évangiles synoptiques, écrits peu de temps après la mort de Jésus, le présentent comme « Christ, Seigneur et Fils de Dieu » pour reprendre le titre du livre de Bernard Sesboüé.

Mais aucun de ces titres ne dit explicitement que Jésus est l’égal du Père, qu’il est Dieu fait homme.

L’idée de l’incarnation apparaît plus tardivement, environ 70 ans après la mort de Jésus, avec le quatrième Évangile, attribué à Jean.

Pour la première fois est affirmée clairement l’identité, et même l’égalité, entre le Père et le Fils, ce qui semble contredire les synoptiques.

Paul, quant à lui, oscille entre les deux visions. Sa christologie est conforme à celle des synoptiques, mais certains hymnes poétiques semblent préfigurer la vision johannique, sans être aussi explicites.

Réponse de BERNARD SESBOÜÉ. 

Au lendemain de la Résurrection, il se produit une relecture chez les apôtres de tout le passé de Jésus.

Leurs anciennes compréhensions de Jésus se cristallisent, le puzzle se met en place. Les apôtres réalisent qu’ils ont côtoyé Dieu lui-même !

Dès les écrits de saint Paul, les plus anciens du Nouveau Testament, c’est clair.

Paul célèbre « le Christ selon la chair, celui qui est, au-dessus de tout, Dieu béni pour les siècles des siècles » (Romains 9, 5).

Dans l’épître aux Philippiens, Paul reproduit une ancienne hymne catéchétique : le Christ, « de condition divine, n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu, mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes ».

L’hymne raconte comment Jésus meurt sur la croix, et que Dieu lui donne ensuite le « nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse, chez les êtres célestes, terrestres et souterrains, et que toute langue confesse que le Seigneur, c’est Jésus-Christ, à la gloire de Dieu le Père ».

Par la suite, la théologie johannique développera la théologie de l’incarnation, mais je ne vois pas de rupture entre Paul et Jean.

Jésus a-t-il dit qu’il était Dieu ?

Réponse de FRÉDÉRIC LENOIR. 

Non. Il sait qu’il a un lien singulier avec Dieu, qu’il est le Fils bien-aimé du Père, qu’il est plus qu’un prophète, mais il ne se présente jamais comme l’incarnation de Dieu.

Il se nomme lui-même le « Fils de l’homme », ce qui renvoie à un titre messianique, sans pour autant se faire l’égal de Dieu.

Le sentiment que j’ai, en lisant et en relisant les Évangiles, mais sans certitude, c’est qu’il était en partie un mystère pour lui-même, comme il l’était pour ses disciples.

Réponse de BERNARD SESBOÜÉ.  

Non, car on l’aurait pris pour un fou. Mais il s’est dit « Fils de l’homme », ce qui a une valeur bien plus forte que s’il s’était dit « Fils de Dieu ».

Lors de son procès, dans l’Évangile de Marc, à la réponse du grand-prêtre qui lui demande s’il est le Messie, le Fils du Dieu béni, Jésus dit : « Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’homme assis à droite de la Puissance, venir avec les nuées du ciel. »

La divinité du Christ est-elle fondamentale pour un chrétien ?

Réponse de FRÉDÉRIC LENOIR. 

Tout dépend ce qu’on entend par divinité.

Le christianisme originel repose sur la foi dans la Résurrection de Jésus et non sur la Trinité, qui est une élaboration plus tardive. Rien ne permet d’affirmer que les premiers chrétiens, les contemporains de Jésus, aient cru en sa pleine divinité.

Ils ont cru qu’il était l’envoyé de Dieu, qu’il avait un lien unique avec lui.

J’aime la formule de Paul : « Il est l’image du Dieu invisible. »

On peut donc, à mon sens, être chrétien, comme les apôtres, en croyant que Jésus est fils de Dieu sans pour autant le considérer comme Dieu.

L’idée de l’incarnation apparaît à la fin du Ier siècle, et celle de la sainte Trinité émerge au cours du IIe siècle pour devenir un dogme avec les différents conciles au cours du IVe siècle.

C’est une tentative d’explication rationnelle du mystère du Christ, lequel a toujours été perçu comme un « pont » entre Dieu et les hommes.

Je ne renie pas la formule trinitaire, mais je crois qu’il ne faut pas la prendre pour un absolu.

D’une part, parce qu’elle a été élaborée et affinée dans un contexte politique qui a parfois joué un rôle important dans certaines décisions.

L’exemple le plus frappant est le concile d’Éphèse, en 431, qui a condamné Nestorius – le patriarche de Constantinople qui récusait l’expression de Marie « mère de Dieu » – dans des circonstances incroyables qui relèvent plus du polar théologique que du souffle de l’Esprit-Saint !

D’autre part, et surtout, parce que Dieu est ineffable.

Je pense qu’on ne peut rien dire de ce qu’il est dans son essence, et je rejoins la grande tradition apophatique, de Denys à Maître Eckart, qui affirme qu’on ne peut rien dire de Dieu, sinon ce qu’il n’est pas.

Même saint Thomas d’Aquin, à la fin de sa vie, disait qu’il voulait brûler ce qu’il avait écrit, car il considérait que c’était « comme de la paille » par rapport à ce qu’il avait contemplé du mystère indicible de Dieu.

Ma foi chrétienne repose sur le lien personnel que j’entretiens avec Jésus ressuscité, un Christ qui me conduit au Dieu ineffable, plus que sur la croyance en des formulations théologiques, aussi respectables soient-elles.

Réponse de BERNARD SESBOÜÉ.  

Oui. La divinité du Christ au sein du mystère trinitaire est ce qui fait tenir ou tomber la foi chrétienne.

D’ailleurs, les contradicteurs des chrétiens, comme le païen Celse, en témoignent à leur manière, en s’en prenant ouvertement à la thèse de l’incarnation, qu’ils jugeaient comme le point central de la foi chrétienne.

L’originalité fondamentale de celle-ci n’est pas d’affirmer que Dieu existe, mais qu’il s’intéresse à l’homme au point de partager sa condition en Jésus.

Cela change tout : cela veut dire qu’il rejoint l’humanité de la naissance à la mort.

Jésus n’est pas un simple intermédiaire entre le ciel et la terre. Il nous permet une véritable communion au monde divin.

En priant Jésus, je suis en communion avec Dieu. Si Jésus n’est pas Dieu, c’est comme si je m’adressais à un très grand saint, mais c’est tout.

Sur cette affaire, il ne faut pas prendre les mots de façon littérale ou minimaliste, comme le fait Frédéric Lenoir.

Quand on dit que Jésus est le « visage » de Dieu, ou son Fils, ou le Seigneur, le théologien qui est au courant de la portée du langage biblique sait par tout le contexte qu’il s’agit de métaphores de la vraie divinité de Jésus.

Cette affirmation pose le paradoxe de penser ce qui est absolu au sein même de ce qui est contingent.
 

* Leurs derniers livres :
- Comment Jésus est devenu Dieu, Fréderic Lenoir, Fayard, 19,90 €.
- Christ, Seigneur, et Fils de Dieu. Libre réponse à Frédéric Lenoir, de Bernard Sesboüé, Lethielleux, 13 €.

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