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10 juillet 2018 2 10 /07 /juillet /2018 22:56
L'énigme de Jeanne d'Arc par l'historien Henri Guillemin

Entre mythe patriotique et vérité historique: au printemps 1970, Henri Guillemin s'attelle à la biographie de Jeanne d'Arc. L'historien déconstruit l'image de la Pucelle d'Orléans et rend la complexité du règne de Charles VII. L'énigme Jeanne d'Arc, une série de treize conférences de 30' chacune.

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9 juillet 2018 1 09 /07 /juillet /2018 22:55

Michael D. O’Brien, né en 1948, est considéré comme l’un des plus grands romanciers catholiques encore vivants.

Comme celles des maîtres qui l’ont inspiré (Soljenitsyne, Dostoïevski, Tolkien, Chesterton...), ses oeuvres, qui révèlent une culture impressionnante, tentent de saisir la condition humaine dans toutes ses dimensions, notamment spirituelle, en l’inscrivant dans une perspective eschatologique.

Par l’intermédiaire de l’art sacré et de la création littéraire, que ce soit d’abord la peinture d’icônes dont il fait pas à pas l’apprentissage, puis l’écriture de romans, O’Brien n’a de cesse d’ouvrir les yeux de ses contemporains.

Cela ne va pas sans de nombreux coups du sort, doutes et hésitations sur sa foi. Il a constamment le sentiment d’être tiraillé entre les exigences spirituelles de sa vocation et les nécessités matérielles impérieuses de subvenir aux besoins de sa nombreuse famille.

Au-delà de ces combats intérieurs, qui rendent le personnage attachant et dévoilent par ailleurs un irrésistible sens de l’humour, le livre brosse un tableau sans concession de l’évolution du catholicisme en Occident depuis les années 1960.

Acteur engagé dans tous les grands débats qui traversent l’Église, O’Brien apparaît comme un authentique prophète de son temps.  

Michael D. O'Brien fait partie de ces écrivains devenus rares qui, dans leurs romans, embrassent le tout de la condition humaine, en la situant dans le feu de la grande histoire, mais aussi dans la perspective des fins éternelles.

Si cet homme d'une soixantaine d'années, qui vit dans un coin reculé du Canada, une région de lacs et de forêts au sud-est de l'Ontario, n'a pas encore la large notoriété qu'il mérite, c'est sans doute parce qu'il est un écrivain catholique.

On aimerait ne pas le dire parce qu'il déborde les étiquettes, comme ses maîtres, Dostoïevski, Soljenitsyne, Tolkien, G.K. Chesterton, Léon Bloy.

Mais il ne peut ni ne veut cacher la foi qui l'anime. Cela ne lui a pas facilité la vie dans son pays ultra-sécularisé.

C'est en tout cas la raison pour laquelle il n'a jamais été publié au Canada, alors que son premier roman, Père Elijah, s'est vendu à 250.000 exemplaires aux États-Unis et qu'il est traduit en dix langues.

L'écrivain, peintre et chrétien mystique, s'insurge dans son livre Theophilos contre le totalitarisme occidental avec le souffle d'un Soljenitsyne.

Lorsqu'il était jeune, il était agnostique, voire athée, et fier de l'être. Convaincu d'être devenu un homme libre en se débarrassant de la religion, il lisait Sartre et Camus.

C'était la fin des années 1960. Sa conversion, à l'âge de 21 ans, le prit par surprise. Il retourna à l'église, recommença à prier. « Avec Dieu, je découvrais une lumière, la liberté, le vrai amour. »

Il n'avait pas fait d'études et, jusque-là, n'avait aucun talent. Subitement, il se mit à dessiner… et ne put plus s'arrêter: « Ça coulait comme une fontaine. »

Quelques mois plus tard, une galerie accueillait sa première exposition. Grand succès.

Pour comprendre ce surgissement, cet autodidacte lit Jacques Maritain et Étienne Gilson. Puis Thomas d'Aquin, Platon. O'Brien est un homme de foi et de raison. On dirait que sa foi éclaire sa raison, et vice-versa.

Pendant cinq ans, soucieux de subvenir aux besoins de sa famille naissante et conscient que ses toiles se vendraient moins bien s'il abordait des sujets religieux, il ne mêle pas sa foi à sa peinture.

C'est sa femme, alors qu'elle attendait leur premier enfant, qui l'encourage à ne pas séparer son art de sa vie: « Une personne doit être ce qu'elle est », lui dit-elle.

Aussitôt que Michael D. O'Brien commence à s'inspirer de thèmes bibliques, les portes des galeries se ferment. « Ma femme est extraordinaire.

Elle ne s'est jamais plainte, confie-t-il. Pourtant nous avons vécu avec nos six enfants dans une totale insécurité économique, au plus bas de l'échelle sociale de notre pays.

On élevait nos poules, on mangeait les légumes du jardin, on ne partait pas en vacances. » Ses enfants en ont-ils souffert? « Nous avons connu des moments très durs. Mais, aujourd'hui, ils nous remercient. »

Chez les O'Brien, il n'y avait pas la télévision, mais on regardait des films en vidéo.

Et, chaque soir, Michael passait une heure à faire la lecture à ses enfants. « J'ai lu plusieurs fois les trois tomes des Seigneur des anneaux aux uns, puis aux autres. »

Homère était un autre de leurs auteurs favoris. Son expérience de père de famille lui a inspiré plusieurs essais sur la littérature pour enfants, dont un ouvrage sur Harry Potter.

Il est très conscient du pouvoir des livres sur les esprits, notamment sur les plus jeunes: « Il faut respecter en chacun les étapes de sa croissance et ne pas donner à lire n'importe quoi à un enfant sous prétexte que c'est un bon roman. »

En le lisant et en l'écoutant parler du monde contemporain, on se demande parfois s'il n'est pas doté d'un sixième sens.

Sa liberté d'esprit et son insoumission à la pensée dominante frisent l'anarchie, un anarchisme à la façon des Évangiles, absolument non violent donc.

À propos de Tolkien, il explique: « Dans la grande guerre entre le bien et le mal, le combat ne peut être seulement politique ou social, si on ne le voit que comme cela, on le perdra. C'est une guerre spirituelle qui se déroule, dans l'invisible. La politique ne peut pas nous sauver. »

En fait, O'Brien n'avait jamais imaginé qu'il deviendrait écrivain. L'inspiration lui vint suite à une expérience mystique: en 1994, âgé de 46 ans, complètement découragé par les problèmes matériels et par l'état de désolation de la société canadienne, il tomba à genoux devant le tabernacle et se mit à pleurer.

« J'avais l'impression d'être fini. Je me plaignais à Dieu ». Aussitôt, se souvient-il, il sentit une Présence et entendit ces mots: « Dans ce lieu de désolation, je donnerai des fruits. »

O'Brien se secoua, persuadé que cette voix venait de son inconscient. Mais non, la voix insista. Toute l'histoire de Père Elijah défila alors dans son esprit pendant une heure…

Père Elijah est un thriller religieux qui se déroule au Vatican. Mais rien à voir avec Dan Brown.

C'est un roman apocalyptique au sens propre du terme, captivant, d'une subtilité spirituelle et psychologique exceptionnelle, qui jette une lumière saisissante de vérité sur le totalitarisme insidieux qui gagne l'Occident.

(...) Tous ces romans sont nourris d'une culture époustouflante venant d'un homme qui n'a fréquenté aucune université.

Lorsqu'O'Brien fut invité à donner des conférences en Pologne, il a été accueilli par ce slogan. Il sourit en racontant cette anecdote: « J'essaie juste de refléter dans mes livres l'état du monde, en posant des questions qu'il faut, me semble-t-il, se poser si nous ne voulons pas avoir de gros ennuis. Il faut rester éveillé, vigilant, exercer son discernement, sans se laisser gagner par la peur. »

O'Brien désarme les préjugés. Il n'est pas un catholique excité, revendicatif, sur la défensive ou moralisateur.

Son visage est comme évidé par les combats. Il est empreint de gravité et de douceur, d'une force intérieure paisible qui ne s'impose pas, mais invite au dialogue.

Certainement pas fanatique, peut-être prophétique, voilà en tout cas un écrivain dont les romans rendent intelligent, font appel au meilleur de soi et invitent à voir plus loin que le bout de son nez.

Source : Le Figaro.

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8 juillet 2018 7 08 /07 /juillet /2018 22:55
La descente du Christ aux enfers

DESCENTE DE JÉSUS AUX ENFERS (extrait des actes apocryphe de Pilate aussi appelée évangile de Nicodème)

17  1. Joseph dit : « Pourquoi vous étonner de la résurrection de Jésus ? Elle n'est pas étonnante. Etonnons-nous plutôt qu'il n'ait pas ressuscité seul. Il a relevé un grand nombre de morts, que beaucoup ont vu à Jérusalem. Vous ne les connaissez pas tous.

ais au moins connaissez-vous Syméon qui reçut Jésus dans ses bras et ses deux fils par lui ressuscités. Nous les avions ensevelis peu avant.

Aujourd'hui on peut voir leurs tombes ouvertes et vides. Eux-mêmes sont vivants et habitent Arimathie. » Ils envoyèrent de leurs gens pour vérifier que les tombes étaient bien ouvertes et vides. Joseph reprit « Allons à Arimathie ; nous les rencontrerons. »

17  2. Alors les grands prêtres, Anne, Caïphe, Joseph, Nicodème, Gamaliel et les autres se levèrent et se rendirent à Arimathie. Ils les trouvèrent, comme Joseph l'avait dit. Après les prières et les embrassements, ils reprirent avec eux la route de Jérusalem et les firent entrer dans la synagogue, dont ils fermèrent les portes avec soin.

Puis les grands prêtres leur mirent en mains l'Ancien Testament des Juifs et leur dirent : « Nous aimerions qu'après avoir prêté serment par le Dieu d'Israël et d'Adonaï, vous nous disiez la vérité : comment avez-vous ressuscité et qui vous a ressuscités des morts ? »

17 3. A ces mots, les ressuscités se signèrent le front et dirent aux grands prêtres : « Donnez-nous du papier, de l'encre et une plume. » On leur apporta ces objets. Ils s'assirent et écrivirent ce qui suit

18. 1. « Seigneur Jésus-Christ, résurrection et vie du monde, permets-nous de raconter ta résurrection et les merveilles que tu as accomplies en enfer. Nous y étions avec tous ceux qui se sont endormis depuis l'origine. A minuit, une lumière aussi vive que le soleil perça les ténèbres.

Nous fûmes illuminés, et nous pouvions nous voir les uns les autres. Et aussitôt, les patriarches et les prophètes se joignirent à Abraham notre père, et au comble de la joie, ils se disaient entre eux : « Cette lumière provient de la grande lumière. »

Le prophète Isaïe s'écria : « C'est la lumière du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Je l'avais annoncée de mon vivant, par ces mots : Terre de Zabulon, terre de Nephtali, le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière.»

18  2. Puis un homme se présenta sous l'aspect d'un ermite du désert, et les patriarches l'interpellèrent : « Qui es tu ? » Il répondit : « Je suis Jean, le dernier des prophètes, j'ai aplani les chemins du Fils de Dieu, et j'ai prêché le repentir au peuple, pour la rémission de ses péchés.

Et le Fils de Dieu est venu vers moi, et quand de loin je l'ai vu, j'ai dit au peuple : Voici l'agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. Je l'ai baptisé de ma main, dans l'eau du Jourdain, et j'ai vu l'Esprit saint, tel une colombe, descendre sur lui. Et j'ai entendu la voix de Dieu notre Père qui disait : Celui-ci est mon fils bien-aimé ; il a toute ma faveur.

  « Et il m'a envoyé aussi parmi vous, vous annoncer que le Fils unique de Dieu viendrait ici afin que quiconque croit en lui soit  sauvé et quiconque n'y croit pas, condamné. Aussi vous le dis-je à tous, quand vous le verrez, adorez-le. Voici les derniers  jours où vous pouvez vous repentir et des cultes que vous avez rendus aux idoles dans le vain monde d'en haut, et des péchés que vous avez commis. Après, il sera trop tard. »

 19. Tandis que Jean enseignait ainsi les foules de l'enfer, Adam le premier formé et le premier père, dit à son fils Seth : « Mon fils, je veux que tu exposes aux premiers pères de l'humanité et aux prophètes, le voyage que je t'ai fait  entreprendre, lorsque je me couchais pour mourir. »

Et Seth parla : « Prophètes et patriarches, écoutez. Mon père Adam,  le premier formé, sentant venir sa fin, m'envoya tout près des portes du paradis ; je devais prier Dieu de me conduire par  la main d'un ange à l'arbre de la miséricorde, et me laisser récolter de son huile pour en oindre mon père, et lui rendre ainsi ses forces. J'y allais.

Quand j'eus prié, l'ange du Seigneur parut et me dit : Que demandes-tu, Seth ? Tu désires une huile qui guérit les malades et sauvera ton père ? Crois-tu trouver l'arbre qui produise cette huile ? Non, tu n'obtiendras rien aujourd'hui. Repars donc, et dis à ton père qu'il faut d'abord que cinq mille cinq cents ans s'écoulent à compter de la création du monde.

 Alors, le Fils unique de Dieu descendra sur terre, en se faisant homme, et il oindra ton père de cette huile et le ressuscitera. Dans l'eau et l'Esprit saint il le lavera, lui et ses descendants. Alors il sera guéri de toute langueur. Mais aujourd'hui, c'est impossible. »En entendant ces mots, patriarches et prophètes frémirent d'allégresse.

20  1. Tandis qu'ils se réjouissaient tous à la fois, Satan, l'héritier des ténèbres, survint et dit à Hadès : « Toi le glouton et  l'éternel affamé, écoute-moi bien. Un Juif, nommé Jésus, se fait appeler fils de Dieu. Ce n'est qu'un homme. Les Juifs l'ont crucifié, je les y ai bien aidés !

Maintenant qu'il est mort, prépare-lui ici de solides entraves. Ce n'est qu'un homme, je sais, dont j'ai surpris cette plainte : Mon âme est triste jusqu'à la mort. Mais il m'a causé beaucoup d'ennuis, au temps où il vivait dans le monde parmi les mortels.

Quand il rencontrait mes sujets, il les chassait et les gens que j'avais faits bossus, aveugles, boiteux, lépreux, ou que j'avais affligés d'autres maux, d'une seule parole ils les guérissait. Beaucoup, qui par mes soins étaient prêts pour la tombe, d'une seule parole encore, il les ressuscitait. »

20  2. Hadès répondit : « Cet homme est capable de pareils exploits avec une seule parole ? Tu ne pourras pas te mesurer à un tel adversaire. Personne, à mon sens, ne lui tiendra tête. Il craint la mort, et tu dis avoir surpris cet aveu, mais il a dit  cela en plaisantant : il se moquait de toi. Il compte t'enlever de sa main puissante. Malheur, malheur à toi dans tous les siècles ! »

 Satan dit : « O enfer, gueule toujours béante, tu as donc si peur lorsqu'on te parle de notre ennemi commun ? Moi, je n'ai  pas tremblé; j'ai excité les Juifs et ils l'ont crucifié ; ils l'ont abreuvé de fiel et de vinaigre. Prépare-toi plutôt, lorsqu'il  viendra, à le maîtriser vigoureusement. »

20 3. Hadès répondit : « Héritier des ténèbres, fils de perdition, ô Diable, tu viens de me dire que d'une seule parole, il ressuscita un grand nombre de gens que grâce à tes bons offices, il ne restait plus qu'à inhumer. S'il a libéré des hommes du tombeau, comment et par quelle vertu le tiendrons-nous enfermé ?

Naguère, j'ai englouti un mort du nom de Lazare, et peu après un vivant, par une seule parole, l'a arraché à mes entrailles. Je suppose que c'est celui dont tu me parles. Si nous le recevons ici, nous nous exposons, je le crains, à quelques ennuis avec nos morts.

 Tous ceux que j'ai engloutis depuis le commencement, je les sens bien agités, et j'en ai le ventre tout endolori. Ce Lazare, qui m'a été ravi le premier, ne me laisse rien augurer de bon. Il s'est envolé de chez moi, non comme un cadavre, mais comme un aigle, si impétueusement la terre le rejeta.

Ainsi, je t'en conjure, dans ton intérêt et dans le mien, ne me l'amène pas ici. Car je soupçonne qu'il ne vient ici que pour sauver tous ces pécheurs que sont mes morts. Je te le répète, par notre royaume de ténèbres, si tu le fais descendre, il ne restera plus un seul trépassé en mon pouvoir. »

21 1. Satan et Hadès discutaient ainsi, quand une voix tonna : « Elevez vos frontons, princes. Elevez-vous, portes éternelles, et le roi de gloire entrera. »

A ces mots, Hadès dit à Satan : « Va-t-en, si tu es vaillant, et livre-lui bataille. » Satan sortit. Alors Hadès dit à ses démons : « Fermez bien les portes de bronze, poussez les barres de fer, renforcez les verrous, exercez une surveillance sans relâche. Car s'il descend chez nous, il deviendra notre maître. »

21  2. Nos ancêtres, en entendant ces paroles, éclatèrent en invectives : « Glouton, éternel affamé, disaient-ils, ouvre donc et laisse entrer le roi de gloire. »

David le prophète disait : « Ne sais-tu pas, aveugle, que lorsque je vivais sur terre, j'ai lancé cette prophétie : Princes, élevez vos frontons » Isaïe à son tour : « Et moi, averti par le Saint-Esprit, j'ai écrit : Les morts ressusciteront, et ils se réveilleront, ceux qui dorment dans les tombeaux, et ils exulteront, ceux qui vivent sur la terre.

Et j'ai dit : Où est, mort, ton aiguillon ? Où, enfer, ta victoire ? »

21  3. La voix à nouveau retentit : ouvrez vos portes. En entendant cette parole pour la seconde fois, Hadès demanda, comme s'il ne savait pas : « Quel est ce roi de gloire ? » Les messagers du Maître lui dirent : « C'est le Seigneur le fort, le vaillant, le Seigneur vaillant des combats ~. »

A peine avaient-ils prononcé ces mots que les portes de bronze se fracassèrent, et les barres de fer se rompirent et tous les morts furent déliés des  chaînes qui les retenaient, et nous avec eux. Et le roi de gloire entra, sous l'aspect d'un homme, et les ténèbres de l'enfer devinrent éblouissantes.

22. 1. Aussitôt Hadès cria : « Nous sommes vaincus ! Malheur à nous ! Mais qui es-tu donc, toi qui possèdes une telle puissance et un tel empire ? Qui es-tu, toi qui es venu ici exempt de faute ?

Toi qui parais petit et réalises de grandes choses, toi qui est humble et sublime, esclave et maître, soldat et roi, toi qui commandes aux morts et aux vivants ?

Tu fus cloué en croix et déposé au tombeau, et te voilà soudain libre et tu as anéanti notre royaume. Es-tu ce Jésus, dont Satan, notre chef suprême, nous a parlé, nous disant que la croix et la mort te feraient hériter le monde entier ?

2. Alors le roi de gloire empoigna par le sommet de la tête le chef suprême, Satan, et le livra aux anges, disant : « Mettez-lui des chaînes aux mains et aux pieds, au cou et à la bouche. » Puis, le donnant à Hadès, il dit : « Prends-le et surveille-le étroitement jusqu'à mon retour. »

 23. Hadès reçut Satan et lui dit : « Belzébuth, héritier du feu et du châtiment, ennemi des saints, qu'est-ce qui t'a poussé à faire crucifier le roi de gloire ? Il est descendu chez nous et nous a dépouillés. Retourne-toi et vois il ne me reste plus de morts. Tous ceux que tu avais gagnés par le bois de la connaissance, la croix te les a repris. Tes délices se sont changées en douleur.

En voulant tuer le roi de gloire, tu t'es tué toi-même. Je t'ai reçu avec mission de bien te garder. Eh bien, tu sauras d'expérience quels maux je suis capable d'infliger. O chef des diables, prince de la mort, racine du péché, comble du mal ! Quel vice trouvais-tu en Jésus pour désirer sa perte ? Comment as tu osé lui nuire ?

Pourquoi as-tu cherché à faire choir dans les ténèbres un homme qui t'a enlevé tous ceux qui depuis l'origine étaient morts ? »

24. 1. Hadès parlait encore à Satan quand le roi de gloire étendit sa main, saisit Adam notre premier père, et le ressuscita .

Puis, se tournant vers les autres, il dit : « Venez avec moi, vous tous qui devez votre mort au bois que celui-ci a touché. Car voici : je vous relève tous par le bois de la croix ! »

Alors il les fit tous sortir, et l'on vit notre premier père Adam rempli de joie : « Je rends grâce à ta magnanimité, Seigneur, disait-il, car tu m'as fait remonter du fond des enfers. » Et tous les prophètes et tous les saints disaient : « Nous te rendons grâces, Seigneur, sauveur du monde, qui as tiré nos vies de la corruption. »

24. 2. Et tandis qu'ils parlaient, le Seigneur bénit Adam en marquant son front du signe de la croix. Il fit le même geste avec les patriarches et les prophètes, les martyrs et les ancêtres, et d'un bond les fit sortir de l'enfer.

Et pendant qu'il marchait, les saints pères chantaient derrière lui, et disaient : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Alléluia. A lui la louange de tous les saints. »

25 . Il se rendit au paradis, tenant notre premier père Adam par la main, et il le confia à l'archange Michel, ainsi que tous les justes.

Quand ceux-ci eurent franchi la porte du paradis, deux vieillards se présentèrent devant eux, et les saints pères leur dirent : « Qui êtes-vous, vous qui n'avez pas connu la mort et n'êtes pas descendus en enfer, mais qui, de corps et d'esprit, demeurez dans le paradis ? »

L'un d'eux répondit : « Je suis Enoch, qui a eu la faveur de Dieu, et qui ai été  transporté ici par ses soins. Lui, c'est Elie le thesbite. Nous devons vivre jusqu'à la consommation des temps.

Alors nous  serons envoyés par Dieu nous battre contre l'Antéchrist; il nous tuera ; après trois jours, nous ressusciterons et une nuée nous enlèvera et nous déposera aux pieds de Dieu. »

 26. Tandis qu'ils parlaient, un troisième homme arriva, humble, les épaules chargées d'une croix. Les saints pères lui dirent : « Et toi qui ressembles à un larron, qui es-tu ? Et quelle est cette croix sur tes épaules ? »

Il répondit : « Comme vous le dites, j'étais un larron, et un malfaiteur dans le monde. Pour cette raison, les Juifs m'arrêtèrent et me condamnèrent à être crucifié en même temps que notre Seigneur

Jésus-Christ. Tandis qu'il était suspendu à sa croix, je vis des signes s'accomplir, et je crus en lui. Et je lui parlai en ces termes : « Seigneur, lorsque tu règneras, ne m'oublie pas. »

Il me répondit aussitôt : « En vérité, en vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. » Je me rendis donc au paradis, chargé de ma croix, et rencontrant l'archange Michel, je lui dis : « Notre Seigneur Jésus le crucifié m'envoie ici. Conduis-moi donc aux portes de l'Eden. »

Et quand son épée de feu vit le signe de la croix, elle m'ouvrit et j'entrai. Puis, l'archange me dit : « Attends un peu. Le premier père du genre humain, Adam arrive avec les justes; ils vont entrer. » Et dès que je vous vis, je me précipitai à votre rencontre. » 

27.  En entendant ce récit, tous les saints s'écrièrent à pleine voix : « Grand est notre Seigneur et grande est sa puissance. »

« Voilà tout ce que nous avons vu et entendu, nous les deux frères jumeaux, envoyés par l'archange Michel pour prêcher la résurrection du Seigneur, avant d'aller dans le Jourdain recevoir le baptême.

Nous y fûmes, et l'on nous donna le baptême en même temps qu'aux autres ressuscités. Puis nous nous rendîmes à Jérusalem et nous accomplîmes la pâque de la résurrection.

 « Mais maintenant nous ne pouvons plus rester ici, et nous nous en allons. Que l'amour de Dieu le Père et la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous. »

Quand ils eurent fini d'écrire et fermé leur cahier, ils en donnèrent la moitié au grand-prêtre et l'autre à Joseph et à Nicodème. Et aussitôt ils devinrent invisibles, pour la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ.

                                               Amen !

La descente du Christ aux enfers

Les Actes de Pilate, plus tard appelés Evangile de Nicodème, se composent de deux parties tardivement rattachées l'une à l'autre. (la seconde La "Descente de Jesus aux Enfers" a un ton plus apocalyptique)

L'ensemble a vraisemblablement été écrit au IVe siècle sous sa forme actuelle, ou du moins une forme ancienne dont dérive la présente existe elle à cette date.

Ces Actes auraient été rédigés en réplique à de faux actes que l'empereur Maximin Daïa (311-312) avait fait écrire pour vilipender le Christ, et qu'il avait imposés dans les écoles, mais leur rédaction pourrait bien être antérieure puisque Justin et Tertullien font déjà mention d'Actes de Pilate au second siècle.

Le texte qui nous est parvenu, daté du Ve siècle, reproduirait en grande partie la version du IVe siècle, mais utilise aussi des traditions très anciennes.

Les recensions sont nombreuses, en syriaque, arménien, éthiopien, latin et grec. L'intention apologétique est évidente : Pilate devient le témoin privilégié de l'innocence et de la divinité de Jésus.

Même rôle du côté juif chez Nicodème et Joseph d'Arimathie : tous les personnages de cet évangile finissent par se convertir. Nous avons suivi la recension grecque (A), plus ancienne pour cette première partie.

Le thème du  Christ  aux Enfers,  qui  terrasse  Hadès  et Satan,  ressuscite et délivre Adam  et Eve, apparaît très tôt  dans  la tradition  chrétienne  orientale.

C'était  jadis par facilité qu'on  le rattachait  à l'« Evangile de Nicodè­me», ce texte apocryphe n'étant  que le développement  le plus  populaire de traditions issues d'un  tréfonds  apo­ cryphe et liturgique  complexe dont l'imagerie est égale­ ment I'expression .

Le thème n'a  pas de support  canonique  précis mais on en trouve  des éléments dans  les deux Testaments. Les promesses de la Bible alimentèrent  très précocement les prières des défunts et les homélies pascales et c'est dans un langage imagé que s'exprime cette littérature reli­gieuse.  

D'autre part,  le  problème  majeur  du  devenir post mortem et l'angoisse du monde infernal sont à l'o­rigine de toute une apocalyptique de caractère semi-ma­gique dont  les écrits ne témoignent  sans doute que par­tiellement.

Dans le monde hellénistique perduraient  en­core les légendes gréco-romaines du héros qui descend chez  les  morts  pour  en  tirer  l'un  d'eux,  et  les dieux païens des royaumes  inférieurs ont été transformées  en êtres infernaux,  c'est ainsi que Pluton  et Poséidon sont devenus Satan  et Hadès.

Elément capital de la théologie  judéo-chrétienne, le thème du Christ aux Enfers inspira donc précocement hypothèses, commentaires et discussions.

Les « Carmina Nisibena »  d'Ephrem comptent parmi  les plus anciens témoignages qui  nous en soient  parvenus, développés ultérieurement par des variantes géorgiennes et arabes.
 
Parallèlement, on  connaît  les sermons  d'Eusèbe  d'Alexandrie et des textes arméniens  apparentés.

Dans  tous  ces textes l'on  trouve  des points  communs avec I'«Evanglile  de Nicodème » ou «Acta  Pilati» vrai­semblablement parce que tous sont issus d'un même fonds de traditions orales qui tournaient dans le bassin méditerranéen oriental.

On retrouve  dans l'Apocryphe les mêmes  termes  que dans  les textes homélitiques  et liturgiques  appropriés, termes  attestés  depuis  le IVe siècle ; or l'on sait depuis peu que des «Actes de Pilate» dont  la  teneur  est  critiquée  par · Eusèbe de Césarée, contenaient déjà des éléments du manuscrit chrétien qui nous est parvenu, et qu'au  milieu du  IVe siècle, une secte cappadocienne proche des montanistes s'appuyai­ent sur ce texte pour fixer la date de Pâques.

Quoi qu'il en soit, ce thème de la victoire sur la mort, est attesté à la fin du IVe siècle dans les prières des morts et dès le Ve dans  de nombreuses  homélies du Samedi saint.  

Ainsi lit-on dans  Hésychius de Jérusalem : «Aujourd'hui, par ce Ressuscité, le paradis est ouvert, Adam est rendu à la vie, Eve est consolée, l'appel est entendu...

Aujourd'hui, le Christ est adoré,  après avoir foulé aux pieds la mort, fait prisonnier le tyran et dépouillé l'Ha­dès, il est monté aux cieux».

La liturgie traditionnelle de l'Eglise  orthodoxe n'ajoutera rien aux citations  les plus anciennes mais reviendra sans cesse sur le thème et amplifiera  les données des psaumes.

C'est à l'Évangile de Nicodème qu'est due l'introduction dans les traditions armoricaines et dans les romans de la Table-Ronde du mythe célèbre du St-Graal, de ce vase sacré dans lequel Joseph d'Arimathie avait recueilli le sang précieux de son maître.

Le roman de l'enchanteur Merlin semble de son côté s'annoncer comme une suite de la seconde portion de l'Évangile dont nous parlons. Voici le début en prose de cette composition si populaire au moyen-âge.

« Molt fu iriés li anemis quant nostres sires ot estet en infer, et il en ot gité Eve et Adam et des autres tant com lui plot, et quant li deables virent ce, si en orent malt grant paour, et mult lor vint à grant mervelle, si s'assamblèrent luit et disent : Qui est cil bons qui ci nous a esforchiés, etc. »

Etude sur Le thème de la Descente du Christ aux Enfers en Cappadoce

La descente du Christ aux enfers
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