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2 avril 2021 5 02 /04 /avril /2021 19:23

Mon nom même, Judas, est devenu une abjection. Un traître.

Cet homme-là, à qui il vaudrait mieux ne pas être né. Vous avez beau me mépriser, et vous avez raison de le faire, mais souvenez-vous : quand le maître annonçait que l’un des convives le livrerait, tous, tous, sans exception aucune, vous vous êtes mis à lui demander : « Serait-ce moi, Seigneur ? »

Maintenant, les jeux sont faits. Je ne suis qu’un pendu ; toi, tu t’apprêtes à célébrer la Pâque. Mon désespoir m’a emporté, et ma confession faite à mes complices « j’ai livré un sang innocent ! »* n’a sauvé personne.

Pourtant, à moi aussi Jésus s’est donné sans réserve lors de ce repas pascal où il bénissait le pain et le vin.

Toi, tu te tiendras devant ce repas où notre Maître se livre à nous pour notre salut. Souviens-toi de moi au seuil du Royaume !

Qu’il ne se livre pas à toi dans sa Pâque sans que tu le reçoives d’un cœur humble et généreux. Il est ton trésor, contre quoi l’échangeras-tu ?

Quand le prince de ce monde viendra roder près de ta porte, ne marchande pas avec lui : « Que veux-tu me donner pour que je te le livre ? »**

« Serait-ce moi, Seigneur ? » – ne méprise aucun pécheur, tu es de notre nombre. Et surtout, souviens-toi : moi aussi, il m’a aimé !

Il m’appelait son ami.

Aie confiance dans sa miséricorde, elle est bien plus forte que ton péché.

Cours vers lui, non vers tes complices.

Et tu ne suivras pas mon chemin. 

Frère Pavel Syssoev


* Évangile selon saint Matthieu, ch. 27, v. 4.
** Évangile selon saint Matthieu, ch. 26, v. 14. 

Ecouter la méditation

https://careme.retraitedanslaville.org/medias/audios/03-31-moi-judas-avec-cloches-6058ac4569133131872557.mp3

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2 avril 2021 5 02 /04 /avril /2021 09:00

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1 avril 2021 4 01 /04 /avril /2021 19:30

La Lumière incréée est le centre et l’aboutissement de toute notre vie, car sans lumière nous ne pouvons voir le monde, et sans lumière de Dieu nous ne pouvons voir Dieu.

Je parlerai de la méditation et de la prière. Que saint Grégoire Palamas, dont nous faisons mémoire aujourd’hui m’aide dans cette tâche !

Je commencerai, selon mon habitude, par un rapide coup d’œil sur le monde contemporain tel qu’il apparaît à nos yeux.

Les uns méditent, ce sont les spiritualistes ; les autres prient dans les églises ; il y a trop souvent une sorte de divorce entre méditation sans prière ou prière sans méditation.

Ceux qui prient demandent surtout la santé, le pardon de leurs péchés, telle ou telle grâce.

Cela est bien car il faut demander à Dieu ; le Christ n’a-t-Il pas dit : « Demandez et vous recevrez » ?

Toutefois, ce n’est pas suffisant. Ceux qui méditent, contemplent, reçoivent la force spirituelle, la sérénité ; ce n’est pas suffisant non plus, ils oublient que l’homme a aussi besoin de prière.

La méditation est tout à fait indispensable, elle agit comme une « information », une organisation de notre intelligence.

Elle est le combat contre l’oisiveté dont parle saint Éphrem le Syrien dans la prière de pénitence que je vous ai recommandé de pratiquer au cours du Carême ; la voici :
« Seigneur et Maître de ma vie,
L’esprit d’oisiveté, de découragement, de domination et de parole facile, éloigne de moi.
L’esprit de pureté, d’humilité, de patience et de charité, donne à Ton serviteur.
Oui, Seigneur et Roi, donne-moi de voir mes fautes et de ne point juger mon frère, car Tu es béni dans les siècles des siècles.
Amen. »

Le premier effet de la méditation est d’arrêter notre attention sur un quelconque objet, de retirer notre intelligence de sa distraction ; elle est le premier échelon avant le vrai silence de l’âme.

Sans méditation, nous serons toujours dispersés, sautant d’un sujet à l’autre.

La prière-demande est excellente ; Notre Seigneur est venu, non pour être servi, mais pour servir.

Quand nous demandons à Dieu quelque chose, il se produit alors l’enfantement de nous en Dieu, parce que nous avons confiance en Lui comme en notre Père.

La prière par excellence est de Lui demander de nous accorder l’Esprit-Saint.

Mais la prière a un autre sens, elle n’est pas que demande, elle est surtout nourriture de l’âme.

Le Christ, avant de montrer Sa Gloire à Ses disciples sur le Mont Thabor, pria longuement à l’écart. Pourquoi, Lui, Maître du ciel et de la terre, Créateur de toutes choses, Fils unique du Père, doit-il prier avant de dévoiler Sa Lumière inaccessible ?

Comment Lui, ayant tout pouvoir sur le monde, pouvant l’anéantir et le reconstruire, comment Celui qui est le Principe du monde, qui commande aux vents et ressuscite Lazare, peut-Il prier ?

Pourtant, avant la Cène, il nous a laissé cette longue prière : « Père Saint, garde en Ton Nom ceux que Tu M’as donnés, afin qu’ils soient Un comme Nous...  ».

Lui qui nous a enseigné à ne pas toujours prier longuement : « Que votre prière soit brève... le Père céleste sait ce dont vous avez besoin   » ... priait de longues heures.

Il priait parce que cette prière est la nourriture de l’homme, la nourriture de Sa nature d’homme. Dans l’homme où coexistent l’esprit, l’âme et le corps, Dieu Se communique à l’esprit par la prière.

C’est en ce sens que saint Paul dit : « Priez sans cesse  ».

La prière nous est indispensable, non pour demander quoi que ce soit, mais parce qu’elle est respiration de notre esprit.

Nous avons besoin de respirer pour vivre. De même, si l’esprit de l’homme ne prie pas, il ne vit pas, il sommeille.

Quand il respire, il prie de mille façons différentes selon les êtres, selon les jours : avec des mots, par le silence...

La prière est la pulsation de notre esprit ; sans elle, l’esprit dort.

Considérez, par exemple, la prière liturgique.

Combien elle est merveilleuse lorsqu’on l’absorbe comme nourriture de l’âme ! C’est une école de nourriture perpétuelle.

Elle bénit Dieu : « Louée soit la paix pour le monde » ; à peine a-t-elle fini de louer qu’elle passe à la prière didactique : « Seigneur, Tu es venu pour nous sauver comme la brebis perdue... » ; à peine a-t-on chanté : « Les angoisses de mon cœur se sont accrues » comme graduel, qu’un chant victorieux nous emporte : « Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel ! ».

Nous supplions Dieu pour obtenir des « saisons propices », nous Lui apportons nos offrandes, et, avec les Anges, nous nous inclinons devant Sa condescendance.

Étrange, efficace nourriture ! Rassasié de prière liturgique, notre esprit se réveille de son sommeil et commence à vivre par Dieu.

C’est pourquoi Paul dit : « Priez sans cesse ». Alors s’accomplit la parole de l’Évangile : « Des fleuves d’eau vive couleront de votre cœur  ».

Oui, la prière qui coule devient notre vie ; elle nous unit à Dieu et nous « distingue » de Lui – si je puis dire – en nous plaçant devant Lui.

Plus elle est en vous, plus Il est en vous et plus vous êtes en Lui. Plus nous sommes un avec Lui, et plus nous nous distinguons de Lui, car dans la prière nous disons « Tu » à Dieu. Ainsi la prière déifie l’homme et nous accorde Dieu comme ami.

Trois étapes dans la prière.

La première étape est volontaire. Nous devons nous obliger à prier, c’est le stade de la bonne volonté, de l’effort, prière mécanique, étape dure à franchir ; tout nous détourne d’elle, tout est bon pour nous pousser à l’abandonner : œuvres de charité à réaliser, livres, pensées ; tout nous intéresse, sauf la prière. Nous sommes secs, sans aucune réponse, les mots priants n’éveillent aucune résonance sensible. Période de lutte.

La seconde étape est dépassée quand notre intelligence se met à écouter chaque mot ; les paroles se lèvent devant nous et nous les écoutons comme une musique. Elles entrent et nous les saisissons par notre conscience.

Mais il arrive un moment que nous n’attendons pas, c’est la troisième étape. La prière descend dans notre cœur, s’en empare, le réchauffe, jaillit du cœur même. Nous n’avons plus à la conquérir par la volonté ni par la lutte et la pensée extérieure. C’est nous qui devenons prière et voilà le grand mystère, voilà la grâce.

Dans cette prière, nous retrouvons Dieu, le Christ, l’Écriture. Une sainte femme, guidée par l’amour de Dieu, avait passé, solitaire, toute sa vie dans le désert.

Un prêtre venu pour la visiter et lui donner la communion se trouva devant un être presque céleste (mais au sens humain) et entendit de sa bouche les paroles de l’Évangile et de la Tradition.

Or, cette femme ne savait pas lire et avait passé son existence au désert.

Mais elle avait écouté le Christ et Ses paroles étaient inscrites en elle.

Plus n’est besoin d’instruction lorsque l’on a atteint l’étape de la prière du cœur, le Verbe sort alors du cœur fondu, purifié.

Alors, nous devenons, en vérité, vivants, nous commençons à comprendre ce que sont la vie, l’amour et ce qu’est la joie. Merveille de la connaissance de Dieu !

À Lui la gloire dans les siècles des siècles. Amen.
 

HOMÉLIE DU 6 MARS 1955 - mémoire de Saint Grégoire Palamas.
Év : Mt 17, 1-9.
Évêque Jean de Saint Denis.

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