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18 mars 2024 1 18 /03 /mars /2024 20:30
Prière de l'iconographe

Avant de commencer ton travail, fais le signe de la croix, prie en silence et pardonne à tes ennemis.

Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, Toi qu’on ne peut dans ta divine nature circonscrire, Tu t’es, par Marie la Vierge Mère de Dieu, et dans les derniers temps, incarné pour le salut de l’Homme de façon inexprimable.

Tu as ainsi permis qu’on te circonscrive.

Tu as imprimé le caractère sacré de ta Face immaculée sur le saint voile, et, en secourant la maladie du gouverneur Abgar,
Tu l’as amené par l’illumination de son âme à la pleine connaissance du vrai Dieu.

Tu as, par ton Saint-Esprit, donné la sagesse au saint apôtre et évangéliste Luc afin qu’il peigne la forme divinisée de ta toute-innocente Mère qui t’a porté dans ses bras comme un enfant et t’a dit :
« Que la grâce de celui qui est né de moi leur soit donnée par moi ».

Toi-même, ô Dieu et Maître de toutes choses, donne l’illumination et la sagesse à l’âme, au cœur et à l’intelligence de ton serviteur (servante) N…

Guide ses mains que voici pour peindre de façon irréprochable et parfaite la forme de ta personne, celle de ta Mère immaculée et celle de tous tes saints, pour ta gloire,
et pour la splendeur et l’embellissement de ta sainte Eglise,
et pour la rémission des péchés de ceux qui honorent cette image, lui donnent pieusement un baiser et vénèrent ainsi son prototype.

Délivre ton serviteur (ta servante) de toute blessure infligée par le démon, puisqu’il (elle) suit avec diligence les préceptes des serviteurs de ta Mère immaculée, du saint et illustre apôtre et évangéliste Luc et tous tes saints.

Du moine Denys de Fourna d'Agrapha
(Iconographe du Mont Athos vers 1670)

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17 mars 2024 7 17 /03 /mars /2024 20:48
 Prière de St Ephrem – commentaire d’Alexandre Schmemann

(Prière attribuée à saint Ephrem le Syrien – IVe siècle)

Seigneur et Maître de ma vie,
Ne m’abandonne pas à l’esprit de paresse, de découragement, de domination et de vain bavardage!
Mais fais-moi la grâce, à moi, ton serviteur, de l’esprit de chasteté, d’humilité, de patience et de charité.
Oui, Seigneur-Roi, accorde-moi de voir mes fautes, et de ne pas condamner mon frère,
ô toi qui es béni dans les siècles des siècles.
Amen.

Commentaire d’Alexandre Schmemann sur la prière de St Ephrem:

Parmi toutes les hymnes et prières de Carême se trouve cette courte prière que l’on peut appeler la prière du Carême.

La tradition l’attribue à l’un des grands maîtres de la vie spirituelle, saint Éphrem le Syrien (+373).

Cette prière est lue deux fois à la fin de chaque office du Carême, du lundi au vendredi (on ne la dit pas le samedi et le dimanche, car les offices de ces deux jours ne suivent pas l’ordonnance du Carême).

On la dit une première fois en faisant une métanie (prosternation) après chaque demande.

Puis on s’incline douze fois en disant : ” Ô Dieu, purifie-moi, pécheur ! ”

Enfin on répète toute la prière avec une dernière prosternation à la fin.

Pourquoi cette courte et si simple prière occupe-t-elle une place aussi importante dans la prière liturgique du Carême ?

C’est qu’elle énumère d’une façon très heureuse tous les éléments négatifs et positifs du repentir, et constitue en quelque sorte un aide-mémoire pour notre effort personnel de Carême.

Cet effort vise d’abord à nous libérer de certaines maladies spirituelles fondamentales qui imprègnent notre vie et nous mettent pratiquement dans l’impossibilité de commencer même à nous tourner vers Dieu.

La maladie fondamentale est l’oisiveté, la paresse.

Elle est cette étrange apathie, cette passivité de tout notre être, qui toujours nous tire plutôt vers le bas que vers le haut, et qui, constamment, nous persuade qu’aucun changement n’est possible, ni par conséquent désirable.

C’est, en fait, un cynisme profondément ancré qui, à toute invitation spirituelle, répond : ” À quoi bon ? ” et qui fait ainsi de notre vie un désert spirituel effrayant.

Cette paresse est la racine de tout péché, parce qu’elle empoisonne l’énergie spirituelle à sa source même.

La conséquence de la paresse, c’est le découragement.

C’est l’état d’acédie, ou de dégoût, que tous les Pères spirituels regardent comme le plus grand danger pour l’âme.

L’acédie est l’impossibilité pour l’homme de reconnaître quelque chose de bon ou de positif : tout est ramené au négativisme et au pessimisme.

C’est vraiment un pouvoir démoniaque en nous, car le diable est fondamentalement un menteur.

Il ment à l’homme au sujet de Dieu et du monde ; il remplit la vie d’obscurité et de négation.

Le découragement est le suicide de l’âme, car lorsque l’homme en est possédé, il est absolument incapable de voir la lumière et de la désirer.

Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est précisément la paresse et le découragement qui emplissent notre vie du désir de domination.

En viciant entièrement notre attitude devant la vie, et en la rendant vide et dénuée de tout sens, ils nous obligent à chercher compensation dans une attitude radicalement fausse envers les autres.

Si ma vie n’est pas orientée vers Dieu, ne vise pas les valeurs éternelles, inévitablement elle deviendra égoïste et centrée sur moi-même, ce qui veut dire que tous les autres êtres deviendront des moyens au service de ma propre satisfaction.

Si Dieu n’est pas le Seigneur et Maître de ma vie, alors je deviens mon propre seigneur et maître, le centre absolu de mon univers, et je commence à tout évaluer en fonction de mes jugements.

De cette façon, l’esprit de domination vicie à la base mes relations avec les autres, je cherche à me les soumettre.

Il ne s’exprime pas nécessairement dans le besoin effectif de commander ou de dominer les autres.

Il peut tout aussi bien tourner à l’indifférence, au mépris, au manque d’intérêt, de considération et de respect.

C’est bien la paresse et le découragement, mais cette fois dans leur référence aux autres ; ce qui achève le suicide spirituel par un meurtre spirituel.

Et pour finir, les vaines paroles.

De tous les êtres créés, seul l’homme a été doté du don de la parole.

Tous les Pères y voient le ” sceau ” de l’image divine en l’homme, car Dieu lui-même s’est révélé comme Verbe (Jn 1,1).

Mais du fait qu’il est le don suprême, le don de la parole est par là même le suprême danger.

Du fait qu’il est l’expression même de l’homme, le moyen de s’accomplir lui-même, il est, pour cette raison, l’occasion de sa chute et de son autodestruction, de sa trahison et de son péché.

La parole sauve et la parole tue ; la parole inspire et la parole empoisonne.

La parole est instrument de vérité et la parole est moyen de mensonge diabolique.

Ayant un extrême pouvoir positif, elle a, pourtant, un terrible pouvoir négatif.

Véritablement, elle crée, positivement ou négativement.

Déviée de son origine et de ses fins divines, la parole devient vaine.

Elle prête main forte à la paresse, au découragement, à l’esprit de domination, et transforme la vie en enfer.

Elle devient la puissance même du péché.

Voilà donc les quatre points négatifs visés par le repentir ; ce sont les obstacles qu’il faut éliminer ; mais seul Dieu peut le faire.

D’où la première partie de la prière de Carême : ce cri du fond de notre impuissance humaine.

Puis la prière passe aux buts positifs du repentir qui sont aussi au nombre de quatre.

Si l’on ne réduit pas la chasteté, comme on le fait souvent de façon erronée, à son acceptation sexuelle, la chasteté peut être considérée comme la contrepartie positive de la paresse.

La traduction exacte et complète du terme grec sophrosyni et du russe tsélomoudryié devrait être : ” totale intégrité “.

La paresse est avant tout dispersion, fractionnement de notre vision et de notre énergie, incapacité à voir le tout.

Son contraire est alors précisément l’intégrité.

Si par le terme de chasteté, nous désignons habituellement la vertu opposée à la dépravation sexuelle, c’est que le caractère brisé de notre existence n’est nulle part ailleurs plus manifeste que dans le désir sexuel, cette dissociation du corps d’avec la vie et le contrôle de l’esprit.

Le Christ restaure en nous l’intégrité et il le fait en nous redonnant la vraie échelle des valeurs, en nous ramenant à Dieu.

Le premier fruit merveilleux de cette intégrité ou chasteté est l’humilité.

Elle est par-dessus tout la victoire de la vérité en nous, l’élimination de tous les mensonges dans lesquels nous vivons habituellement.

Seule l’humilité est capable de vérité, capable de voir et d’accepter les choses comme elles sont et donc de voir Dieu, sa majesté, sa bonté et son amour en tout.

C’est pourquoi il nous est dit que Dieu fait grâce à l’humble et résiste au superbe (Pr 3,34 ; Jc 4,6 ; 1P 5,6).

La chasteté et l’humilité sont naturellement suivies de la patience.

L’homme ” naturel ” ou ” déchu ” est impatient parce que, aveugle sur lui-même, il est prompt à juger et à condamner les autres.

N’ayant qu’une vision fragmentaire, incomplète et faussée de toutes choses, il juge tout à partir de ses idées et de ses goûts. Indifférents à tous, sauf à lui-même, il veut que la vie réussisse ici-même et dès maintenant.

La patience, d’ailleurs, est une vertu véritablement divine.

Dieu est patient non pas parce qu’il est ” indulgent “, mais parce qu’il voit la profondeur de tout ce qui existe, parce que la réalité interne des choses que, dans notre aveuglement, nous ne voyons pas, est à nu devant lui.

Plus nous nous approchons de Dieu, plus nous devenons patients pour tous les êtres, qui est la qualité propre de Dieu.

Et enfin, la couronne et le fruit de toutes les vertus, de toute croissance et de tout effort, est la charité, cet amour qui ne peut être donné que par Dieu, ce don qui est le but de tout effort spirituel, de toute préparation et de toute ascèse.

Tout ceci se trouve résumé et rassemblé dans la demande qui conclut la prière de Carême et dans laquelle nous demandons ” de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère “.

Car, finalement, il n’y a qu’un danger : celui de l’orgueil.

L’orgueil est la source du mal et tout mal est orgueil.

Pourtant, il ne me suffit pas de voir mes propres fautes, car même cette apparente vertu peut tourner en orgueil.

Les écrits spirituels sont remplis d’avertissements contre les formes subtiles d’une pseudo-piété qui, en réalité, sous couvert d’humilité et d’auto-accusation, peut conduire à un orgueil vraiment diabolique.

Mais quand nous ” voyons nos fautes ” et ” ne jugeons pas nos frères “, quand, en d’autres termes, chasteté, humilité, patience et amour ne sont plus qu’une même chose en nous, alors et alors seulement, le dernier ennemi – l’orgueil – est détruit en nous.

Après chaque demande de la prière, on se prosterne.

Ce geste n’est pas limité à la prière de saint Éphrem, mais constitue une des caractéristiques de toute la prière liturgique quadragésimale.

Ici, cependant, sa signification apparaît au mieux.

Dans le long et difficile effort de recouvrement spirituel, l’Église ne sépare pas l’âme du corps.

L’homme tout entier, dans sa chute, s’est détourné de Dieu ; l’homme tout entier devra être restauré ; c’est tout l’homme qui doit revenir à Dieu.

La catastrophe du péché réside précisément dans la victoire de la chair – l’animal, l’irrationnel, la passion en nous, – sur le spirituel et le divin.

Mais le corps est glorieux, le corps est saint, si saint que Dieu lui-même s’est fait chair (Jn 1,14).

Le salut et le repentir ne sont donc pas mépris ou négligence du corps, mais restauration de celui-ci dans sa vraie fonction en tant qu’expression de la vie de l’esprit, en tant que temple de l’âme humaine qui n’a pas de prix.

L’ascétisme chrétien est une lutte, non pas contre le corps mais pour le corps.

Pour cette raison, tout l’homme – corps, âme et esprit – se repent. Le corps participe à la prière de l’âme, de même que l’âme prie par et dans le corps.

Les prosternations, signes psychosomatiques du repentir et de l’humilité, de l’adoration et de l’obéissance, sont donc le rite quadragésimal par excellence.

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16 mars 2024 6 16 /03 /mars /2024 20:30
Les noces de Cana Jésus Christ lavant les pieds de ses disciples, icône copte

Les noces de Cana Jésus Christ lavant les pieds de ses disciples, icône copte

Chers amis,

 « Le ciel s'écroule sur la terre, et si l'Homme a pu vivre sa mort, alors les choses sont comme elles étaient à l'origine : remplies de lumière. »

Cette phrase, citée de nombreuses fois par Karlfried Graf Dürckheim, exprime une expérience humaine capitale.

Un jour ou l'autre, sur le chemin de la metanoïa, nous sommes ramenés à expérimenter un état d'incapacité totale : « Le ciel s'écroule sur la terre... »

Tout est mis sans dessus-dessous... Le soleil s'obscurcit, la lune perd son éclat, les étoiles tombent du ciel, notre confiance en la vie, basée sur les résultats du moi existentiel s'écroule.

Apparaît alors pour celui qui « demeure » avec Lui une forme de confiance totalement différente, dénuée de toute sensation de notre propre importance. La confiance de celui qui « sait faire » est toujours teintée de cette arrogance de l'ego.

La confiance de celui qui « reste assis » dans l'expérience de son désastre existentiel qu'il est invité à vivre, cette confiance est celle de l'innocence : c'est la confiance d'un enfant tellement vulnérable, qu'il n'a pas d'autres solutions que de s'abandonner dans les bras du Père : « Entre tes mains Père, Je remets mon souffle. » Luc 23,46

Dans cet abandon à notre vulnérabilité de créature en exil naît alors un sentiment de libération intérieure.

S'ouvre en nous la possibilité de « passer » au travers de notre prison existentielle (qui joue son rôle) et de nous ouvrir à une vie qui devient un perpétuel défi d'oser la nouveauté et de lâcher prise de l'ancien qui « stagne » et nous plombe constamment.

Retrouver cet extraordinaire confiance de l'innocence et cesser d'être absorbé par le collectif et noyé dans la « normose »...

En réalité nous avons tous peur ! Seuls les êtres humains qui cessent d'être conditionnés par leur mental, seuls ceux-là sont en mesure de faire éclore un monde nouveau.

Le retour à l'état d'innocence (Les choses sont comme elles étaient à l'origine) nous met face à face avec notre vulnérabilité fondamentale : je ne sais plus qui je suis ! Je croyais que j'étais ce que je pensais de moi !

Nous sommes invités à passer de la croyance à l'expérience : l'expérience de notre vulnérabilité, cette angoisse essentielle qui me resserre les entrailles (la peur au ventre), cette angoisse étant en réalité notre chance de nous reconnecter à notre énergie vitale, car cette angoisse, c'est d'abord de l'énergie vitale, avant d'être passée au crible de mon mental...

Nous sommes invités par le Christ à jeter nos filets en eaux profondes. Entrer plus profondément dans cet effondrement salutaire et découvrir au cœur de nos ténèbres la puissance du Souffle sacré.

Toutes les idées que nous avons sur nous-mêmes sont bien souvent des projections idéalisées ou morbides, dans les deux cas ce sont des illusions !

« Tout passe ! » dit sainte Thérèse d'Avila, « Buée de buée, tout est buée » nous dit la Bible.

La méditation nous aide à apprécier notre manque de solidité sur un certain plan et en même temps une présence puissante, « un été invincible » comme l'écrit Albert Camus, qui habite la profondeur de mon être.

Nous découvrons que rien d'autre ne compte que cette présence puissante qui habite notre souffle et qu'en dehors d'elle nous n'avons rien pour nous maintenir la tête hors de l'eau...

L'accueil de cette présence calme et silencieuse répond à la question de base de l'enseignement de Graf Dürckheim : « Quand Francis va-t-il percer la peau de Dekeyser ? »…

C'est là que tout se joue ! Quand ? Réponse : « je ne sais pas ! »

Dans le zen on dit que le chemin se fait à la vitesse de l'herbe qui pousse !

Peut-être est-ce une ascèse salutaire que de réapprendre à cultiver la patience.

Comme le dit si bien sainte Thérèse que nous avons déjà cité : « La patience finit par triompher de tout ! Solo Dios  basta ! »

Avec toute mon affection en Christ !

Père Francis

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