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10 mai 2017 3 10 /05 /mai /2017 22:48
Les Noms divins & leurs énergies divines 

Déjà saint Athanase affirmait que la génération du Fils est une œuvre de nature. Et saint Jean Damascène, au VIIIe siècle, distinguera l’œuvre de nature, génération et procession, et l’œuvre de volonté, qui est la création du monde.

L’œuvre de nature n’est d’ailleurs pas une œuvre au sens propre, mais l’être même de Dieu : car Dieu est, par sa nature, Père, Fils et Saint-Esprit. Dieu n’a pas besoin de se révéler à lui-même, par une sorte de prise de conscience du Père dans le Fils et l’Esprit, comme l’a cru un Boulgakov.

La révélation n’est pensable que par rapport à l’autre que Dieu, c’est-à-dire dans la création. Pas plus qu’il n’y a dans l’existence trinitaire le résultat d’un acte de volonté, il est impossible d’y voir le processus d’une nécessité interne.

II faut donc soigneusement distinguer de la causalité du Père qui pose les trois hypostases dans leur diversité absolue et sans qu’on puisse établir entre elles un ordre quelconque, sa révélation ou manifestation.

L’Esprit, par le Fils, nous mène au Père où nous découvrons l’unité des Trois. Le Père, selon la terminologie de saint Basile, se révèle par le Fils dans l’Esprit. Ici s’affirme un processus, un ordre d’où résulte celui des trois Noms : Père, Fils et Saint-Esprit.

De même tous les Noms divins, qui nous communiquent la vie commune aux Trois, nous viennent du Père par le Fils, dans le Saint-Esprit. Le Père est la source, le Fils la manifestation, l’Esprit la force qui manifeste.

Ainsi le Père est-il la source de la Sagesse, le Fils la Sagesse elle-même, l’Esprit la force qui nous approprie la Sagesse. Ou encore, le Père est la source de l’amour, le Fils amour qui se révèle, l’Esprit amour en nous réalisé.

Ou, selon l’admirable formule de Mgr Philarète, le Père est l’amour crucifiant, le Fils l’amour crucifié, l’Esprit l’amour triomphant. Les Noms divins sont l’écoulement de la vie divine dont la source est le Père, que nous montre le Fils et que l’Esprit nous communique.
 
La théologie byzantine nomme " énergies " ces Noms divins : le mot convient particulièrement à ce rayonnement éternel de la nature divine : mieux que les attributs de la théologie scolaire, il évoque pour nous ces forces vivantes, ces jaillissements, ces débordements de la gloire divine.

Car la théorie des énergies incréées est profondément biblique : la Bible évoque souvent la gloire flamboyante et tonnante qui fait connaître Dieu hors de lui-même tout en le dissimulant sous une profusion de lumière. Saint Cyrille d’Alexandrie parle de la splendeur de l’essence divine qui se manifeste.

Les termes lumineux, qui n’ont rien ici de métaphorique mais expriment l’expérience de la plus haute contemplation, reviennent sans cesse pour désigner le resplendissement d’une éblouissante beauté. La gloire divine est multiforme. " Jésus a fait encore bien d’autres choses : si on les écrivait une à une, le monde entier, je crois, ne pourrait contenir les livres qu’on en écrirait " (Jn 21, 25).

De même, le monde entier ne peut contenir les noms innombrables de la gloire.

Dunameis dit le Pseudo-Denys : et tantôt il parle au singulier, tantôt au pluriel. Le nombre ici n’a que faire. Ni un, ni plusieurs, mais l’infinité des Noms divins. Dieu est Sagesse, Amour, Justice..., non parce qu’il le veut, mais parce qu’il est tel. Il n’y a pas ici de mascarade : Dieu montre ce qu’il est.

Nous ne pouvons connaître jusqu’au fond l’essence divine, mais nous connaissons ce rayonnement de gloire qui est vraiment Dieu : car si nous appelons essence la nature divine en tant qu’elle est transcendance inépuisable, et si nous l’appelons énergie en tant qu’elle se manifeste glorieusement, c’est toujours la même nature.

" Père, glorifie-moi de cette gloire que j’avais avant que le monde ne fût " (Jn 17,5). La manifestation énergétique ne dépend donc pas de la création : elle est rayonnement de toujours, que ne conditionne nullement l’existence ou l’inexistence du monde.

Certes, nous la découvrons dans la créature, car " depuis la création du monde, les œuvres (de Dieu) rendent visibles à l’intelligence ses attributs invisibles " (Rm 1, 20) : la créature est marquée du sceau de la divinité.

Mais cette présence divine est une gloire permanente, éternelle, une manifestation non-contingente de l’essence, comme telle inconnaissable.

C’est la lumière qui de toute éternité baigne la plénitude en soi parfaite de la vie trinitaire.

Vladimir Lossky
Extrait de Théologie dogmatique

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9 mai 2017 2 09 /05 /mai /2017 22:17
La création dans le monotheisme

Echange entre trois théologiens juif, chrétien et musulman autour de la Création de l'Univers, de l'Homme, de la Nature, le tout animé par Ghaleb Bencheikh. 

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8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 22:25
Du spirituel en politique

En période électorale, les promesses abondent toujours et sur quasiment tous les aspects de nos vies.

Une seule promesse reste désespérément absente, comme si elle n’avait pas droit au chapitre de la vie politique : la promesse de rendre meilleur l’être humain lui-même.

Pourquoi diantre la nature humaine demeure-t-elle la grande absente de toute réflexion politique ?

Pour que notre pays puisse aller mieux économiquement, socialement et culturellement, il doit commencer par se redresser spirituellement. Mais que signifie redresser spirituellement un pays sinon appeler chacun de ses membres à reprendre contact avec la vie de l’esprit ?

Je tiens en effet que la vie spirituelle est la condition nécessaire et préalable à tout développement humain économique, social et culturel…

Commençons donc par le b.a.-ba : qu’est-ce que la vie spirituelle ?

Elle est ce par quoi l’être humain prend conscience de sa capacité de donner un sens rationnel à sa vie et d’énoncer la signification des choses qui l’environnent.

Accueilli dans un univers qui le précède, se recevant lui-même dans un corps, tout être humain fait l’expérience du temps et de la finitude.

Ces trois points fondamentaux de la vie spirituelle devraient être réinvestis sans attendre pour que se lève la brume qui trouble tant nos esprits.

À l’évidence, la première cause de nos problèmes vient de ce que nous ne nous interrogeons pas suffisamment. Le questionnement est un chemin de croissance de l’humain. « Qu’est-ce que c’est ? » est la question la plus nourrissante pour l’être humain, car elle fortifie en son esprit la possibilité d’une cohérence du monde. Une cohérence que chacun va concevoir afin de former en soi une sagesse, un ordre des réalités qui nous environnent.

Recueilli dans une parole, ce « verbe de vie » peut alors être partagé et nourrir d’autres personnes. Sans la perception de la cohérence du monde, nous finissons par perdre la saveur de la vie et commençons à faire n’importe quoi.

La seconde cause de nos problèmes découle de cette méprise sur le monde réel. Il en résulte un mépris du corps, auquel nous ne voulons pas adresser ce questionnement. « Pourquoi sommes-nous comme nous sommes ? De quoi notre corps est-il le signe jusque dans son métabolisme ? »

Ce point d’aveuglement atteint son maximum lorsque nous nous refusons à questionner la signification de la différenciation sexuelle, en corps masculin et corps féminin.

Pour l’être humain, elle est beaucoup plus qu’une simple participation au mode de reproduction des mammifères. Cette différence lisible sur le corps de l’homme et sur le corps de la femme est le signe visible d’une réalité invisible : elle ouvre l’intelligence à la relation entre l’homme et Dieu.

En réduisant le corps à un objet, nous fermons la possibilité de son dépassement, donc à une transcendance. Nous nous condamnons à l’enfermement dans la matérialité du monde. Cet enfermement est inconsciemment la cause de la folie meurtrière des hommes.

Enfin, la troisième cause des drames de notre époque est que nous ne prenons pas la mort assez au sérieux !

Parce qu’elle est infiniment douloureuse, nous croyons en avoir dit le dernier mot en la réduisant là encore à un simple phénomène biologique, alors qu’elle est d’abord pour l’être humain un événement spirituel et le signe d’un accomplissement nécessaire à la manifestation de la plénitude de l’humain.

Pour les chrétiens, la mort a livré son secret dans le corps ressuscité de Jésus. Elle est la condition de possibilité d’un don de nous-mêmes et d’un état nouveau du corps ; dans le dépassement de la mort se trouve donc le sens ultime de toute l’histoire.

Ce monde, notre corps et la mort seraient donc les trois énigmes par lesquelles l’esprit humain pourrait retrouver sa vigueur. Il pourrait redécouvrir les raisons d’une organisation sociale, économique et culturelle à la mesure de la dignité de l’homme : l’amour créateur au fondement de tout, la fécondité du don de soi par amour et la vie éternelle, horizon invisible de nos existences temporelles.

Rien de moins nécessaire, mais rien de plus essentiel, rien de plus urgent !

Père Laurent Stalla-Bourdillon, directeur du Service pastoral d’études politiques

La Croix

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